Franc-maçonnerie et structure

Voici le premier numéro des Mémoires de l’Académie maçonnique.Il reflète les travaux qui avaient pour thème “Franc-maçonnerie et structure”.

La franc-maçonnerie propose des rites de passage, obéissant aux lois du genre mises en évidence voici un siècle par Arnold van Gennep. Ceux-ci permettent l’intégration d’un homme à un groupe, la loge maçonnique, après des épreuvesqui sont similaires à celles de toute société. Elles reflètent des constantes sociologiques et psychologiques, notamment la nécessité d’une confrontation avec la mort partagée. Celle-ci permet de surmonter l’angoisse née de la certitude de notre finitude. C’est ce que Jean-Bernard Lévy a montré en introduction à cette année de travail.

La maçonnerie est inscrite dansunetradition et uneculture spécifique,dont on dit communément qu’elle a deux pôles : Athènes et Jérusalem. Une des structures spécifiques, comme l’a montré notre frère Georges Dumézil, est la tri-fonctionnalité indo-européenne : cette société repose sur trois fonctions : administration du sacré, défense et nourriture et Roger Bonifassi montre que la franc-maçonnerie, notamment le Rite Écossais Ancien et Accepté, a repris à son compte cette tripartition. Il est difficile de parler de structure sans évoquer les deux pères fondateurs que sont Ferdinand de Saussure et Claude Lévi-Strauss. Comme le montre William Goldblum, Saussure a ouvert la voie à des analyses fructueuses. C’est son modèle de dissection du langage qu’ont exploité toute une génération de penseurs,philosophes et autres spécialistes des sciences humaines, pour étudier toute la production humaine, à commencer par les mythes.

Jean-Bernard Lévy s’attache à montrer que le structuralisme proposé par Lévi-Strauss pour expliciter les mythes peut mettre en lumière certains sens cachés de nos rituels.