LE NEZ DANS LE SOLEIL
2 livres en un seul
Désespéré et désireux de mettre fin à sa vie, Pépé traine les pattes sur les rives d’un bisse* lorsqu’il s’étale de tout son long et fourre le
nez dans un pissenlit. Ébahi, il reste longtemps à contempler cette fleur radieuse aux mille pétales qui lui renvoie dans les yeux toute la
lumière du monde.
Lorsqu’il se relève, Pépé se sent investi d’une mission botanique qu’il va poursuivre avec passion et obstination. Plus question
pour lui de voir les pissenlits par la racine avant l’heure.
LISEZ-MOI ÇA! par Slobodan Despot
«L’oreille aveugle» d’Oskar Freysinger »
« Le surhomme est celui qui exploite jusqu’à la dernière conséquence son potentiel intérieur, quel qu’il soit »
CE QU’IL APPORTE
Les fées penchées sur le berceau de Pierrot «la Lune» étaient décidément distraites ce jour-là. Pierrot est né autiste et sourd-muet avant de basculer dans la cécité. «Les autres », explique-t-il, « dans leur monde à cinq sens, sont enfermés dans la lumière. Moi, je m’en libère un peu tous les jours. Bientôt, loin de tout aveuglement, mes yeux seront toujours ouverts, la vie y travaille. Lorsqu’ils n’auront plus rien à se mettre sur la rétine, ils se retourneront sur eux-mêmes. Sur moi-même. Sur l’intérieur du bocal.» Pierrot, pourtant, ne se met pas en peine d’apprendre le braille. Il n’a pas le temps. Sa vocation est de voyager, de préférence seul, jusqu’au bout du monde. Nous le suivrons ainsi dans son étroit mais dense tunnel de perceptions jusqu’à Svalbard, où même les personnes en pleine possession de leurs moyens hésitent à se rendre. Mais justement: les infirmes, ce sont les autres. Lui, il est normal. Il mène sa vie et n’entend pas se laisser conter.
CE QU’IL EN RESTE
L’oreille aveugle est une plongée à la première personne dans cette pénombre riche de sensations, ce silence total animé d’un constant dialogue intérieur, cette fatalité révoltante qu’on accueille avec panache plutôt que de la subir. Si invraisemblable qu’il soit, ce livre raconte l’épopée réelle d’un jeune Suisse, fondée sur les détails de sa vraie vie. Pour l’écrire, Oskar Freysinger s’est livré à un remarquable exercice d’empathie. Dans une série d’«apartés», Pierrot livre du reste sa propre version de ses rencontres avec son «porte-canne», c’est-à-dire avec l’écrivain. Il y a dans ce récit davantage que la mise en lumière — si l’on peut dire — d’une existence hors du commun. On peut y lire aussi, comme Freysinger s’en explique dans son avant-propos, une métaphore de notre propre et inéluctable déclin personnel à l’approche de l’ultime saison.
À QUI L’ADMINISTRER
Apprendre à mourir, nous dit l’auteur, c’est «délester son âme du corps de plus en plus pesant qui l’enveloppe». Si nous y parvenons, avec la même ténacité, le même appétit de vivre que Pierrot, nous avons des chances de réussir notre sortie. Cet ouvrage est un remontant pour les angoissés et une compagnie pour les solitaires. En plus, il s’accompagne en «face B» (recto verso), du beau récit d’Oskar Freysinger Le nez dans le soleil.
OskarFreysinger, L’oreille aveugle & Le nez dans le soleil, Selena éditions, Paris, 2024.
Poids | 300 g |
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Dimensions | 23 × 15 × 2 cm |
Format | • Livre broché recto/verso |
ISBN | 979-10-94886-49-6 |
EAN | 9791094886496 |