Michel Ragon, critique et historien d’art.
Ami dès 1943-1944 des peintres nantais James Guitet et Martin Barré, Michel Ragon fréquente dès 1946 les galeries parisiennes où il découvre les toiles de jeunes peintres abstraits alors totalement inconnus : Hans Hartung, Jean-Michel Atlan, Pierre Soulages, Serge Poliakoff, Gérard Schneider…
Il est aussi un des premiers amateurs de l’Art Brut : dès 1946 il rencontre Gaston Chaissac et lui consacre un article dans la revue de Poulaille, Maintenant. Il devient également en 1949 le correspondant français des artistes du groupe Cobra (Jorn, Dotremont, Appel, Corneille, Constant, Pierre Alechinsky…). A cette occasion, il voyage au Danemark.
Comme il est un des rares à s’intéresser alors à tous ces artistes abstraits ou “informels”, il devient critique d’art par hasard, par amitié… A partir de 1948, il publie des articles plus ou moins régulièrement dans les revues Arts, Neuf (revue de Robert Delpire), Le Jardin des Arts, Arts-Loisirs, Galerie des Arts, Les Echos. Il anime la revue Cimaise (revue de l’art abstrait) de 1953 à 1963, puis de 1967 à 1974. Il publie L’aventure de l’art abstrait en 1956. Dans les années 50 et 60, il continue à défendre de nouveaux peintres et sculpteurs : Jean Fautrier, Marta Pan, Alexander Calder, Francis Bacon, Louise Nevelson, des peintres de l’école de New-York (Franz Kline, Mark Rothko, Robert Rauschenberg, Jasper Johns), Antonio Saura, Dado, Jacques Poli…
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Pierre Soulages
Peindre avec le noir c’est le moyen le plus véhément de faire naître une lumière, une lumière mais picturale, c’est à dire émanant de la toile, modulée par la nature et la qualité des contrastes qui l’ont fait naître. Le noir est une couleur de lumière.
L’artiste peintre français Pierre Soulages est né à Rodez le 24 Décembre 1919. Très jeune, Pierre Soulages est attiré par les monuments romans, les dolmens et les menhirs gravés. A 18 ans, il se rend à Paris pour préparer le concours d’entrée à l’École Nationale supérieure des Beaux-Arts. Il y est admis mais, persuadé qu’elle dispense un enseignement médiocre, refuse d’y entrer et repart aussitôt pour Rodez. Pendant ce séjour à Paris Pierre Soulages découvre la peinture moderne en visitant le musée du Louvre et les expositions de Cézanne et de Picasso. Paris occupé, Pierre Soulages se rend à Montpellier et fréquente assidûment le musée Fabre. Montpellier à son tour occupé, commence pour lui une période de clandestinité pendant laquelle il ne peint plus. Ce n’est qu’en 1946 que Soulages peut consacrer tout son temps à la peinture. Il s’installe alors dans la banlieue parisienne. Ses toiles où le noir domine sont abstraites et sombres. En 1948, il participe à des expositions à Paris et en Europe, notamment à “Französische abstrakte Malerei”. En 1949 la galerie Lydia Conti de Paris lui organise une exposition personnelle. En 1979 Pierre Soulages expose au Centre Georges Pompidou ses premières peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière par les états de surface du noir. Ce sont les recherches effectuées par Soulages sur la matière, sur la couleur et la lumière qui font de lui l’un des artistes contemporains ayant le plus apporté à la peinture du XXe siècle.